“ Mon grand-père était musicien. Lu comme ça, cela peut sembler banal. Des musiciens, il y en a plein.
Cependant, cette « banale » idée qu’il a eue un jour de vouloir s’essayer à souffler dans un saxophone est devenue mon chemin de vie. Tout comme celui de mon frère batteur, de ma sœur flûtiste, et ce grâce à mon père tromboniste et jazzman rebelle qui voulait lui aussi marcher dans les pas du sien et qui a notamment initié ma mère au Saxophone également.Mon grand-père a été sociétaire de l’harmonie du village plus de 80 ans.
Le jour où il n’a plus eu assez de souffle pour jouer, alors il a commencé à oublier les clés sur le contact dans la voiture. Il a oublié d’aller chercher son « Canard Enchaîné » pendant deux, trois, dix jours, puis il a commencé à lire l’horloge à l’envers et me dire qu’il avait raté le train pour Paris depuis sa chambre en maison de retraite.
Il n’était lucide que lorsque nous n’étions pas là. Il passait des heures entières assis dans son fauteuil devant sa chaîne hi-fi à écouter de la musique classique, du jazz, concentré. Lorsque nous entrions dans sa chambre il baissait le volume, se levait, nous souriait, conversait en toute lucidité une dizaine de minutes, puis il s’évadait, il s’estompait, comme le volume de la musique.
Je chante régulièrement dans l’établissement qui l’accueillait. Lors du dernier récital, il est resté là, sur sa chaise tout le concert, à m’applaudir et je pense même qu’il était fier. Je dois dire que ce dernier moment de partage entre mon grand-père et moi, le petit-fils chanteur, cette lueur que j’ai eue la chance unique d’apercevoir à ce moment de sa vie m’a profondément changé.
Je chantais déjà depuis près de 10 ans en EHPAD, maisons de retraites et centres spécialisés mais c’est ce jour-là que j’ai réellement compris à quoi servait mon métier. J’ai compris que l’unique passerelle entre mon grand-père et le reste du monde, c’était la musique. Le seul moyen de l’atteindre, la seule façon qui s’offrait à moi de le réconforter. ”
Allan Vermeer.
Depuis le berceau de l’humanité, la musique a toujours existé. Elle est essentielle à l’humain et à son développement, les scientifiques sont tous d’accord au sujet de ses bienfaits thérapeutiques, psychologiques et physiques sur l’être humain.
Son réel impact neurologique est étudié depuis une quinzaine d’années, surtout au Québec et aux Etats-Unis. Les différentes études mettent en lumière le fait que la musique apaise les symptômes de la maladie de Parkinson, de l’autisme et de la maladie d’Alzheimer, la plus répandue.
D’après un travail de recherches des docteurs Lola L. Cuddy et Jacalyn M. Duffin de l’Université Queen’s, au Québec, la musique -par son rythme- et la chanson -par ses textes- stimulent la zone associée au mouvement favorisant la coordination et l’équilibre mais aussi les centres du langage dans le cerveau. En outre, l’écoute de la musique contribue à améliorer les capacités cognitives et permet à la personne atteinte de s’ouvrir sur l’entourage, à être plus consciente de son environnement et se détacher du repli sur elle-même.
Il est également démontré que si la musique apaise et réduit les angoisses des personnes, elle va parfois même jusqu’à éveiller des souvenirs enfouis.
Journée Mondiale de la maladie d’Alzheimer, le 21 septembre.