APOLLON DES BACS À SABLE
– L’histoire du disque –
LES PREMIERS MOTS
DANSONS ENCORE
LA FABRICATION DU STUDIO
Il n’était toujours pas question de créer un nouveau disque, mais peut-être qu’on s’y préparait, dans un sens…
Dans un coin de la maison, il restait un peu de place, une ancienne cuisine abandonnée, dans laquelle nous avons construit le studio d’enregistrement pour y faire une toute autre cuisine.
L'INSPIRATION
La première chanson.
Six ans après avoir écrit et composé la précédente.
C’était après une semaine de vacances en tête à tête avec mon amie Agnès. En plus de créer ses merveilleuses bougies Mathilde & Zoé que vous connaissez bien maintenant, elle est également chanteuse, et nous nous connaissons depuis l’émission… Beaucoup de choses à nous raconter, à nous remémorer, donc, lorsque nous nous retrouvons.
Je ne m’attendais pas à écrire cette chanson, elle m’est venue le matin de son départ, après huit nuits blanches à parler du passé, de ce qu’on a pu retenir de plus beau, mais aussi de pire de cette période « télévisuelle » entre France 2 et M6. Tout ça a duré près de cinq ans.
Le sentiment qui me vient à l’esprit quand je pense à Loup, c’est la délivrance. Elle restera la chanson que j’ai eu le plus de facilités à écrire, le stylo n’allait pas assez vite. Je l’ai écrite le matin, composée et enregistrée l’après-midi. Je ne l’ai jamais retouchée. Pas souvent réécoutée.
LOUP
LA MER JUSTE À QUATRE MINUTES
Après avoir dépoussiéré le petit clavier qu’il m’avait offert quelques années plus tôt, j’ai réalisé que cela allait faire cinq ans jour pour jour que mon grand-père était parti.
Mon grand-père Roger était musicien. La première note qu’il a soufflée dans sa clarinette alors qu’il était enfant a transformé ma vie, et la vie de toute ma famille à commencer par mon père lorsque lui aussi était enfant. Le jour où mon grand-père s’est arrêté de jouer, plus de quatre-vingt ans après avoir commencé, il a perdu ses repères ; il a commencé à lire l’horloge à l’envers et me dire qu’il avait raté le train pour Paris depuis sa chambre de maison de retraite.
J’ai vite compris que l’unique passerelle entre (moi,) lui et le reste du monde, c’était la musique, et que nous pouvions communiquer à travers elle. Alors j’ai approfondi mes connaissances en me documentant beaucoup sur Alzheimer. Je suis obsédé par cette maladie.
Pour en revenir à la chanson, qui vient de là, mon grand-père passait des journées entières à écouter de la Musique classique et du Jazz. Quand la musique s’arrêtait, il s’arrêtait, et tout se mélangeait ; La mer juste à quatre minutes ne contient que quelques phrases, qui ont tout leur sens au début mais qui au fur et à mesure de la chanson se mélangent et créent des suites de mots sans logique, poétiques, emmêlés.
Il était un beau poète. Il regardait par la fenêtre, souvent. Il y avait une grande haie devant. Ce soir là du six septembre, je pensais à lui en jouant sur ce mini-clavier qu’il m’avait offert. J’ai repensé à la fenêtre, la haie épaisse qui coupe la vue, et au fait qu’il avait oublié que derrière cette vitre fermée sans poignée, la mer ne se trouvait qu’à quatre minutes…
LA MER JUSTE À QUATRE MINUTES
Après avoir dépoussiéré le petit clavier qu’il m’avait offert quelques années plus tôt, j’ai réalisé que cela allait faire cinq ans jour pour jour que mon grand-père était parti.
Mon grand-père Roger était musicien. La première note qu’il a soufflée dans sa clarinette alors qu’il était enfant a transformé ma vie, et la vie de toute ma famille à commencer par mon père lorsque lui aussi était enfant. Le jour où mon grand-père s’est arrêté de jouer, plus de quatre-vingt ans après avoir commencé, il a perdu ses repères ; il a commencé à lire l’horloge à l’envers et me dire qu’il avait raté le train pour Paris depuis sa chambre de maison de retraite.
J’ai vite compris que l’unique passerelle entre (moi,) lui et le reste du monde, c’était la musique, et que nous pouvions communiquer à travers elle. Alors j’ai approfondi mes connaissances en me documentant beaucoup sur Alzheimer. Je suis obsédé par cette maladie.
Pour en revenir à la chanson, qui vient de là, mon grand-père passait des journées entières à écouter de la Musique classique et du Jazz. Quand la musique s’arrêtait, il s’arrêtait, et tout se mélangeait ; La mer juste à quatre minutes ne contient que quelques phrases, qui ont tout leur sens au début mais qui au fur et à mesure de la chanson se mélangent et créent des suites de mots sans logique, poétiques, emmêlés.
Il était un beau poète. Il regardait par la fenêtre, souvent. Il y avait une grande haie devant. Ce soir là du six septembre, je pensais à lui en jouant sur ce mini-clavier qu’il m’avait offert. J’ai repensé à la fenêtre, la haie épaisse qui coupe la vue, et au fait qu’il avait oublié que derrière cette vitre fermée sans poignée, la mer ne se trouvait qu’à quatre minutes…
ONIVAL (LA PLAGE)
UN GARÇON DU PORT
J’ai commencé à chanter sur les quais du Tréport vers l’an 2000, à 15 ans. J’avais une petite enceinte portative, un micro si fiable qu’il me donnait des coups de jus dans les lèvres quand il pleuvait, et une confiance en moi relative à celle d’un bigorneau. Gentil bigorneau, mais discret.
J’avais cependant l’année précédente participé à mon premier « grand » karaoké, à Sainte-Maxime dans le Var, en vacances. J’ai été surpris de voir que près de 3000 personnes y étaient venues (j’étais pétrifié) et que je l’avais emporté avec « Mon Dieu », d’Edith Piaf. À ce moment-là, je ne pouvais imaginer que je serai un jour chanteur. Mais par la force des choses, j’ai dû comprendre que ma place était sûrement sur une scène, et pourquoi pas en musique.
Ce début de soirée de l’an 2000, j’étais si timide que c’est ma petite soeur Lisa qui a dû aller demander une prise de courant au crêpier du port afin que nous puissions nous brancher. Et j’ai chanté.
« Et un jour une femme », de Florent Pagny en premier, puis quelques autres chansons, puis « Mon Dieu » d’Edith Piaf qui m’avait porté chance quelques mois plus tôt.
Il s’est passé quelque chose.
Une femme de marin disparu en mer, Dedess, s’est alors arrêtée. Puis d’autres, puis une foule s’est formée. Le garçon du port s’est alors appelé « Allan du Tréport ». Puis la suite…
J’ai chanté une quinzaine d’années là-bas, d’abord sur le port, puis dans des bars, puis sur des scènes, toujours dans la rue.
Le garçon du port, je ne sais pas qui il est. Personne ne le sait vraiment.
Sur ces quais.
L'ÉTONNEMENT
Il n’est toujours pas question d’album en octobre 2019, mais cela va faire un mois que je suis assis au milieu du salon avec mon petit clavier et le bloc notes qui s’épaissit de mots, de photos, de larmes et parfois de réassurance.
Coeur twist est une chanson entamée, puis effacée (elle ne plaisait pas à Sam), puis ré-écrite, puis ré-orchestrée, puis ré-oubliée, et enfin re-venue.
Samuel a su garder le sens de la première version : Une quête de la perfection en soirées parisiennes adolescentes, aux limites de la Jet Set (soirées que j’ai connues trop tôt), et le désarroi d’être toujours en fin de compte aussi banal. Lorsqu’il l’a ré-écrite, je n’y ai pas cru. Mais quelques jours plus tard, en soirée, j’ai compris.
Nous avons écrit ce texte à deux. Je ne garde que la morbidité glaciale de ces rendez-vous, lui en garde la fête.
C’est la chanson la plus joyeuse de l’album, elle n’était pas destinée à l’être. Il a su l’éclaircir. Il le fallait.
COEUR TWIST
BOUCHE COUSUE
Chanson difficile et douloureuse que je n’ai pas beaucoup écoutée, elle non plus, de sa création le quatre octobre jusqu’au studio. Là, nous l’avons beaucoup retravaillée. Beaucoup et vite : plus de dix versions différentes en moins d’une semaine. Je voulais qu’elle soit parfaite, ça a pris des mois ensuite, et dix, quinze passages au studio.
Parfaite, elle ne le sera jamais.
Il n’y avait pas de texte à l’origine.
Affronter le silence, apparemment impossible pour moi.
MONA MAÎTRESSE
Que de souvenirs de mes nuits d’errances parisiennes. Le bel ennui.
Je devais y vivre pour travailler : J’y ai vécu huit ans, et j’ai aimé cette ville passionnément, mais j’en garde un goût amer. Une fois installé en 2005, et une fois tous les contrats signés (maison de disques, maison d’édition musicale, sociétés de productions, sociétés de tournées et j’en passe) il ne me restait qu’à … attendre… entre deux concerts. Parfois plusieurs mois. Inutiles.
Il faut dire que je n’avais plus rien à gérer : ni comment m’habiller (une marque de vêtements le faisait exclusivement), ni comment écrire ou composer (des auteurs compositeurs le faisaient), ni même démarcher quoi que ce soit (des impressarios le faisaient et je n’avais pas le droit de chanter hors des « tournées officielles » déjà organisées).
Ne me restait que le loyer de mon appartement sur les bords du canal St-Martin à assumer, au final.
C’est à ce moment-là que j’ai rencontré mon ami (et pianiste) Bertrand Ravalard, qui m’a emmené dans une de ces caves de Montmartre où on chante des nuits entières devant un public fou en buvant du vin, en écoutant du Jazz et d’autres chanteurs de télé-réalité qui se demandent comment chanter sans en avoir contractuellement le droit.
J’ai tout fait, pour être payé 40€ au black (si la patronne n’était pas trop saoule pour me dire à 1h du matin qu’elle m’avait déjà payé alors que ce n’était pas le cas); …j’ai tout fait pour entrer dans ce monde souterrain. Et je n’ai pas été déçu. J’y ai été accueilli avec tendresse, même mal payé, j’ai chanté dans des endroits merveilleux, en secret.
J’ai aimé cette partie de ma vie éperdument. J’y ai laissé des plumes, je ne pourrais plus y retourner aujourd’hui : 18h apéro concert – De 20H45 à 21h05 première partie du spectacle de Chez Michou – De 21h30 à minuit concert au Caveau des Artistes avant de partir en soirée « people » clandestine jusqu’à pas d’heure le lendemain. Quelque chose d’impossible qui a duré quatre ou cinq ans.
Je garde un souvenir interminable et grandiose de ces instants dans les loges délabrées : Des salles vides le lundi, le mardi, le mercredi. Pleines de fans le jeudi parce qu’on s’y donnait rendez-vous. Pleines de « tout » le vendredi, le samedi… puis ces dimanches à dormir sans ouvrir l’oeil de la journée, ou alors pour aller remplacer un autre artiste qui n’aurait pas tenu le choc.
C’était ma vie, et j’aurais aimé qu’elle dure toujours. La vraie vie m’a rattrapé, elle a bien fait.
NÉON BLUES
LA CLÉ
L'ÎLE DE RÉ
ULULLE
Du 1er février au 30 avril, c’était Ulule.
Pour tout vous dire, j’y croyais peu, j’y croyais mal et on s’y est lancés la boule au ventre. J’avais peur d’être vieux , j’y ai retrouvé le courage. Ravivé. De nos échanges bienveillants, de votre soutien inconditionnel (qui dure parfois depuis plus de quinze ans) est probablement née la parenthèse, quelques semaines plus tard.
Il fallait que je vous remercie à ma façon pour votre confiance inespérée. Si belle. Votre force.
Encore une fois Merci de m’avoir guéri de moi-même, guéri du confinement, puis d’avoir permis à Apollon de voir le jour.
CONFINEMENT
Fin mars 2020.
Le monde change, tout change, la peur s’installe doucement et durablement.
J’ai mis du temps à me remettre de l’annonce présidentielle.
Tant d’angoisses m’accompagnaient que j’ai dû me couper de tous les réseaux, de toute chaîne d’info, éteindre chaque écran, les uns après les autres pour tenter de recentrer ce qui ne l’était déjà plus. Re-centrable.
J’ai chanté.
On a créé (la parenthèse). Je ne respirais qu’à ce moment-là.
Il y a eu ce jour où on a reçu seize appels d’annulations de concerts.
Il y a eu la chanson de Camille Lellouche « Corona », qui nous a un peu détendus.
Il y a eu le silence de la ville. Puis les applaudissements le soir.
Le vide. Le trop plein.
L’incertitude. C’est sûr. Encore aujourd’hui.
Puis cette nuit du 28 avril où on a décidé de mettre un peu de musique, de se concentrer sur nous et de laisser le Monde faire. On s’est mis à danser. Chiens, humains, nos corps ont créé tellement d’énergie que Le sens de la fête m’est (re)venu.
J’ai écrit toute la nuit, je pleurais, je riais, je dansais.
Et le second confinement, après un été presque normal.
On décide que les salles de spectacle non essentielles seront proposées aux églises afin que les messes se fassent dans un espace plus grand.
Et là, Sam devait partir travailler dans un théâtre breton pour quinze jours. Je me suis retrouvé seul, un peu plus fort et aguerri, mais dans une situation trop similaire. J’ai donc entrepris le clip de la chanson Le sens de la fête. Seul, caméra à bout de bras. La maison ressemblait à un vieux studio d’Hollywood abandonné.
Je me levais à 5h, préparais jusqu’à midi, puis tournais tout l’après-midi, des dizaines de plans différents que je montais la nuit, entre 22h et 2 ou 3h du matin.
Une belle expérience que je ne souhaite à personne.
LE SENS DE LA FÊTE
L'EP APOLLON
Le 12 juin 2020 – jour de l’anniversaire de ma grand-mère tant aimée – est sorti l’EP des cinq premiers titres.
Je ne savais pas encore que Le sens de la fête sortirait le jour de mon anniversaire et l’album physique le jour de celui de mon grand-père. Moi qui ne suis pas très superstitieux, j’ai fait fort.
J’avais besoin de lire les retours, de voir comment ces synthés et ces boîtes à rythmes qui dominent bien plus sur Apollon que sur Vents contraires étaient perçus par mes soutiens de confiance… vous. C’est de là qu’est née l’idée de l’EP, je voulais savoir où nous en étions.
Je n’ai jamais autant lu de commentaires, vu de streams (comme on dit sur les plateformes), eu d’articles et d’encouragements que les jours qui ont suivi cette sortie. Un sentiment de liberté que j’avais oublié depuis l’écriture, ou plutôt la composition, de Loup, la première chanson. C’était réconfortant, magique. Alors je me suis bêtement dit à peine déconfiné « Quel dommage qu’on ne puisse pas fêter ça sur scène », et j’ai eu l’idée de ce concert live sur Facebook à l’occasion de la fête de la musique le 21 juin.
J’ai eu davantage le trac que d’habitude, j’étais tétanisé… Tout était à gérer, le concert bien entendu, mais aussi le silence, la solitude et la technique / caméra / lumière / son / oreillettes. C’était une drôle d’épreuve.
LA DERNIÈRE MINUTE
Juillet & août j’ai chanté, tant que j’ai pu, il fallait que je me rattrape.
Puis le deuxième confinement. Rien à signaler…
Tout était prêt.
Jusqu’à la déclaration à la SACEM, mi-décembre.
Ce qui nous semblait une évidence est devenu un parcours du combattant. Samuel avait écrit une chanson, qui s’appelait Doucement l’été , à la fin de l’été : entre deux confinements, parce que c’était ça notre été : l’espoir.
Et entre chaque complet, nous avions glissé quelques notes de Summertime, le standard de Gershwin repris par tant d’autres, notamment Janis Joplin. C’est notre chanson.
C’est aussi la chanson qui m’unit à mon grand-père, à mon père, ce standard de jazz.
Ce clin d’œil dans notre été, dans ce moment suspendu où nous voulions croire que le pire était passé, c’était une évidence. Mais pas pour les ayant-droit de l’auteur et du compositeur de Summertime.
Après avoir tenté désespérément en français, en anglais, par téléphone et par mail, de convaincre ces ayant-droit et leurs sociétés aux USA, à Londres et à Paris, la réponse était formelle : Interdiction nous était faite d’utiliser un mot ou une note de Summertime, même si notre intention était juste de lui rendre hommage.
Les négociations ont duré longtemps. Le temps jouait contre nous. Nous devions envoyer l’album à la fabrication. À cinq jours de la date butoir, je me suis résigné à retirer cette chanson de l’album. Samuel a refusé. Nous avons passé deux jours à opposer nos arguments. Il ne restait plus que trois jours. Il fallait envoyer l’album à l’usine et juste avant que je ne le fasse, Samuel a écrit un nouveau texte, en quelques minutes.
Une heure après, nous étions au studio à essayer ces mots. Il nous a fallu deux jours pour enregistrer cette nouvelle chanson. Il ne restait plus que 24 heures, pour le mixage et le mastering, qui ont débordé sur la nuit.
C’est ainsi qu’est née O de luxe. Nous y avons laissé quelques notes qui nous évoquent Summertime, car cet été-là, rien ne pourra jamais nous le voler.
L'ALBUM
APOLLON DES BACS À SABLE
Le 17 mars 2021.
Joyeux anniversaire papi.
La suite vous appartient…
Ci-dessous le teaser du disque, que vous avez peut-être déjà vu. Un texte que j’ai écrit au réveil, après une nuit assez douloureuse de remise en question à quelques jours de la sortie.
Je pense qu’après avoir lu l’histoire de chacune des chansons du disque, les mots et les images auront un autre sens…