Regarde-moi dans les yeux.
Le 17 mai, journée internationale contre l’homophobie. Je ne comprends toujours pas ce mot, et comment il a pu se fabriquer… En grec ancien, « phobie » veut dire « répulsion » alors que « homo » pourrait dire « semblable ». La répulsion, la détestation de son semblable doit être difficile au quotidien pour ceux ou celles qui en souffrent, notamment quand ils se croisent dans un miroir.
J’ai de la peine pour ceux ou celles qui détestent les autres. J’ai eu de la peine pour moi aussi, le jour où j’ai détesté quelqu’un qui m’avait donné un coup de poing parce que nous étions différents, ou peut-être pas, juste parce que j’aime.
Moi, j’ai de la chance. Un seul coup de de poing en trente-quatre ans. Un peu de sang, c’est le seul tribu que j’ai eu à payer physiquement pour simplement exister.
Les insultes dans la rue traduites des encouragements à la haine de certain(e)s (ir)responsables, eux, m’agressent quotidiennement, c’est aussi notre lot à toutes et tous. Mais j’ai le cœur lourd en pensant aux esseulé(e)s, rejeté(e)s, insulté(e)s, diffamé(e)s, harcelé(e)s, menacé(e)s, licencié(e)s, agressé(e)s – dans la rue ou au sein même de leur maison -, contraventionné(e)s, emprisonné(e)s, torturé(e)s, placé(e)s, en thérapies de conversion, assassiné(e)s, exécuté(e)s (onze pays condamnent encore à mort l’homosexualité). Oublié(e)s. Des millions qui tentent de survivre, de vivre. Et d’autres millions, encore plus nombreux, que cette haine a tué.
Leur crime est d’aimer. Mon crime est d’aimer ? La liberté gagnée au prix de la vie de trop nombreuses personnes qui ne faisaient que s’aimer il y a quelques décennies est en train de s’effriter. Nous devons toutes et tous lutter pour que l’égalité, l’Amour puissent toujours avoir le dernier mot.